Discours de Georges Képénékian
Président de l’EPCC École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, Premier Adjoint au Maire de Lyon, délégué à la culture, aux grands événements et aux droits des citoyens

Je vais me situer un peu entre l’accueil que doit faire notre cité et la liaison à faire avec la table ronde et les échanges que nous aurons. Je voudrais saluer bien sûr le président de l’ANdÉA et directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, cher Emmanuel Tibloux ; saluer la vice-présidente à la culture de la Région Rhône-Alpes, chère Farida Boudaoud ; saluer la présence de Mesdames et Messieurs les représentants du ministère de la Culture, et je salue particulièrement Pierre Oudart et Monsieur Daguerre de Hureaux, notre nouveau directeur régional des affaires culturelles de Rhône-Alpes ; saluer le Maire de Clermont-Ferrand et Président de l’agglomération, représentant l’Association des maires des grandes villes de France, cher Olivier Bianchi ; Monsieur le député, Patrick Bloche ; Mesdames et Messieurs les élus, maires et adjoints aux maires ; Mesdames et Messieurs les présidents, présidentes, directeurs et directrices d’écoles d’art ; Mesdames et Messieurs les enseignants et enseignantes, et bien sûr les étudiants et étudiantes.

C’est avec un très grand plaisir que nous vous accueillons aujourd’hui à Lyon, sur le site des Subsistances et de l’École nationale supérieure des beaux-arts, pour ces assises nationales placées sous le thème « Demain l’école d’art », et je tiens à souhaiter à chacun et à chacune d’entre vous, au nom du Sénateur-Maire de Lyon Gérard Collomb, la bienvenue dans notre Ville. Il faut remercier Emmanuel Tibloux pour son propos introductif qui a balayé le champ très large des sujets que nous allons aborder, mais surtout saluer l’ANdÉA et toute son équipe pour l’organisation des assises, qui connaissent, vu l’affluence, un vrai succès, et nous nous en félicitons. Cela témoigne bien entendu du sujet mobilisateur que représente le thème choisi et au fond de l’avenir des écoles d’art. Je remercie aussi l’équipe des Subsistances et les équipes de l’école qui ont rendu cette organisation possible et, j’espère, la plus agréable pour vous. Enfin, je souhaite saluer l’ANdÉA, pour tout le travail réalisé depuis plusieurs années dans tous les domaines liés aux écoles supérieures d’art, et les sujets furent nombreux ces derniers mois. Je pense bien sûr à la coopération entre les écoles et les galeries sur la taxe d’apprentissage qui vient de montrer des pistes d’innovation, aux dispositifs de lutte contre les discriminations et aux propositions sur la gouvernance – je vois qu’il y a aujourd’hui mille actions…

Emmanuel Tibloux vient de l’évoquer, les écoles supérieures d’art sont devenues des acteurs de premier plan dans la formation et la recherche autour de la création contemporaine sous toutes ses formes, et elles participent vraiment aujourd’hui à dynamiser le paysage culturel.

Elles ont connu, nous avons connu, vous avez connu ces dernières années de nombreuses évolutions, qu’il s’agisse des modifications statutaires, de la structuration académique, de l’accompagnement et du suivi de l’insertion professionnelle des diplômés, de l’ouverture au monde de l’entreprise ou aussi à l’international. Et les chantiers sont encore nombreux, qu’il s’agisse de la réorganisation territoriale, de la loi sur la création, du statut des enseignants et de tout ce qui va amener la place des écoles dans un paysage nouveau au fil des années.

Les écoles doivent faire face à de nombreux défis pour penser leur développement, des défis à la fois économiques, pédagogiques, organisationnels, artistiques, territoriaux ou technologiques, mais je pense aussi bien sûr à la place des écoles dans le paysage de l’enseignement supérieur et à la coopération avec les universités. Face à ces défis, les écoles d’art n’ont cessé d’évoluer et ont su trouver des solutions à la fois en innovant, en conservant leur singularité, en respectant leurs missions premières et en inscrivant leurs actions au niveau national et international. Car évidemment, Emmanuel Tibloux l’a évoqué, dans ces périodes de changement, le risque de se perdre en soi-même est important. Comment inventer cette indépendance qui nécessite de plus en plus une interdépendance ? Les lignes sont étroites et demandent bien entendu de vraies réflexions communes. Ces missions premières des écoles d’art, nous les connaissons, à travers ce que nous avons essayé ici-même de mettre en œuvre, en nous assurant :

  • de la qualité de vie, du devenir et de l’insertion des étudiants ;
  • des enjeux de la formation et de la recherche : il n’y a pas d’enseignement supérieur sans ce travail de recherche qui prépare et qui dessine les lignes d’avenir ;
  • mais aussi, ce qui est je pense un pari important pour chacune des écoles, de son inscription dans la Ville ou dans la nouvelle collectivité – il s’agira pour nous aujourd’hui d’imaginer ce que sera la place de l’école et de l’enseignement supérieur dans un échelon de Métropole, mais aussi au niveau national et international car il ne s’agit pas de se rétracter ou de se replier sur ses territoires.

Nous pensons le développement de l’école et plus largement du secteur de la création contemporaine dans une perspective de filière, voire d’écosystème. C’est ce sur quoi il faut travailler pour une offre d’enseignement d’excellence, qui va de la classe préparatoire au post-diplôme en passant bien sûr par les différentes formations, mais aussi en restant attentifs à la formation, à l’enseignement des amateurs, qui permet d’accompagner toutes les pratiques et les parcours artistiques. Cela implique de :

  • penser le territoire et de créer des ateliers qui permettent aux diplômés d’avoir des lieux pour travailler – nous avons installé des ateliers en Rhône-Alpes avec l’Adéra (Association des directeurs des écoles supérieures d’art de Rhône-Alpes Auvergne), et je suis très heureux d’avoir pu constater que très vite la Région Auvergne avec l’école de Clermont-Ferrand a adhéré à l’Adéra et pourra aussi utiliser ces lieux ;
  • développer un réseau de structures et de centres d’art pour diffuser le travail des artistes, comme c’est le cas par exemple avec « Rendez-vous » qui se déroule en ce moment même et qui présente de jeunes artistes jusqu’au Musée et jusqu’à la Biennale ;
  • permettre la circulation des artistes et des projets internationaux ; je pense aux échanges que nous pouvons avoir avec telle ou telle ville, pour nous ce fut Leipzig, ce fut Le Cap. Comme pour beaucoup d’écoles, les artistes formés ici, nous les retrouvons dans les principaux réseaux nationaux et internationaux, et le devenir de ces artistes est pour nous une préoccupation importante. Nous avons d’ailleurs été très heureux de saluer la remise du Prix Marcel Duchamp 2015 attribué à un ancien étudiant de cette école, Mélik Ohanian.

Ces défis et les nécessaires évolutions des écoles, ce sont aussi pour nous une plus forte coopération avec les universités et les grandes écoles, une plus forte coopération également avec le monde de l’entreprise.

Je crois que l’on peut sans exagération se rendre compte que les écoles d’art sont parmi les structures culturelles qui ont le plus évolué avec des missions de plus en plus larges, des institutions qui ont su s’adapter et innover de manière permanente, en interagissant avec les acteurs de leur territoire et de leur écosystème, car les écoles sont vraiment en contact permanent avec leur territoire, les collectivités, les entreprises et le monde culturel. Penser ces évolutions et leur accompagnement, ce sont pour nous les grands objectifs de ces assises 2015, s’interroger et répondre autant aux enjeux d’aujourd’hui qu’aux défis de demain, dans tous ces domaines.

Nous savons tous l’importance de la singularité des écoles d’art et de ce qu’elles peuvent apporter au réseau d’enseignement supérieur. Elles forment une espèce d’exception dans le paysage culturel et académique, dans la mesure où elles relèvent des deux domaines, ne sont ni tout à fait dans l’un ni tout à fait dans l’autre. Elles sont par ailleurs étroitement liées à l’histoire économique des territoires. C’est ce qui fait aujourd’hui la difficulté parfois de les appréhender et de les situer, mais aussi leur force, dans un monde globalisé où plus que jamais nous devons miser sur les croisements et l’hybridation des domaines et des compétences. C’est en prenant en compte ces changements que l’école coopère aujourd’hui avec des musées d’histoire, des entreprises pour leur R&D, avec des agences d’urbanisme pour repenser l’espace public, et les exemples ne manquent pas.

Vous l’aurez compris, nous sommes très heureux d’accueillir ces assises pour :

  • réfléchir à construire une école innovante sur les plans économique, organisationnel et académique,
  • penser la création, parce que plus que jamais nous avons à réfléchir à ce travail pour voir comment la recherche peut se structurer d’une manière nouvelle dans les années futures,
  • et réfléchir ensemble à la place des écoles d’art dans le paysage culturel national et international.

J’étais avec beaucoup d’entre vous aux rencontres de Metz l’an dernier. C’est avec plaisir que nous continuons ce travail et notre réflexion collective, car je crois que c’est à travers ces rencontres, à travers les ateliers, que nous sommes en train de co-construire une nouvelle pensée et de tracer les horizons de demain, de résister et de coopérer dans le contexte de réformes qui parfois, dans une volonté d’organisation un peu rapide, pourraient passer sous silence telle ou telle particularité. Alors oui, « Demain l’école d’art », tel est le thème de ces assises, travaillons ensemble, nous sommes là, présidents et élus pour écouter et nourrir nos réflexions, en gardant à l’esprit que nous avons besoin plus que jamais des écoles d’art pour tracer les voies d’un monde pluriel. Et puisque Emmanuel Tibloux faisait référence au travail socratique, avançons dans la maïeutique et j’espère que nous accoucherons d’ici demain soir, autour de la Ministre, de belles propositions.

source : demainlecoledart.fr